Seulement pour les nerds ? Ce qui éloigne les femmes des professions MINT

12.09.2023

Les différences de genre en matière de préférences et d'aptitudes n'expliquent pas suffisamment pourquoi les ingénieurs et les enseignants du primaire restent si rares. C'est pourquoi une nouvelle approche examine dans quelle mesure les suppositions sur le fait qu'une profession nous convienne ou non peuvent expliquer la persistance de la ségrégation de genre.

Benita Combet

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Photographie : Dres Hubacher

Devenir adulte signifie prendre des décisions : Quel est mon souhait professionnel, pour quelle place d'apprentissage vais-je postuler, dans quelle filière vais-je m'inscrire ? Il est intéressant de constater qu'il existe encore des différences marquées entre les sexes dans le choix d'une profession, alors que dans de nombreux autres domaines, comme le salaire, ces différences se sont massivement réduites. Ainsi, en 2020, sur 100 diplômes de master dans le domaine de l'ingénierie mécanique et électrique, 82 ont été décernés à des hommes et seulement 18 à des femmes.

Alors pourquoi les femmes ne choisissent-elles pas plus souvent des carrières dans l'ingénierie et les technologies de l'information, alors que la demande de main-d'œuvre et les salaires sont élevés ? Pour répondre à cette question, il est important de comprendre comment les choix de carrière se font : D'une part, les jeunes font une comparaison entre leurs préférences personnelles et leurs compétences, qu'ils n'évaluent pas nécessairement avec précision. D'autre part, ils se font une idée précise de ce qu'est un métier.

Les souhaits en matière de carrière et de conciliation se sont alignés

Jusqu'à présent, les recherches ont principalement examiné le rôle des différences de préférences et de compétences entre les sexes. Il a souvent été avancé que la préférence plus marquée des hommes pour le revenu et la carrière et le désir des femmes de concilier vie professionnelle et vie familiale pouvaient expliquer ces différences dans le choix de carrière. Une méta-analyse réalisée en 2000 montre toutefois que ces différences de préférences ont massivement diminué - notamment parce que le rôle des femmes dans la société a évolué et que la conciliation entre vie familiale et professionnelle s'est généralement améliorée.

Nos idées sur les professions ne reposent souvent pas sur des faits, mais plutôt sur des représentations stéréotypées dans les médias.

Benita Combet

Une autre explication est que les femmes seraient inférieures aux hommes en termes de compétences mathématiques. Plusieurs méta-études montrent cependant qu'en moyenne, il n'y a guère de différences entre les sexes. En outre, le nombre de personnes exceptionnellement douées pour les mathématiques varie en fonction du contexte culturel et peut changer rapidement en très peu de temps. De même, les résultats de la recherche montrent que si les élèves féminines ont des notes en mathématiques similaires à celles de leurs camarades, elles sous-estiment souvent leurs capacités, car les stéréotypes attribuent les compétences mathématiques et analytiques plutôt aux hommes. En conséquence, les élèves féminines sont généralement moins impliquées dans les mathématiques avancées, la programmation et d'autres sujets similaires, bien que cela puisse leur donner un premier aperçu des professions MINT.

La construction sociale des professions

Qu'est-ce qui empêche les femmes douées et intéressées par les mathématiques de choisir une profession MINT ? Des recherches récentes indiquent que les idées sur la question de savoir si un métier nous convient ou non et sur l'image que nous avons de nos futurs collègues de travail potentiels jouent également un rôle. Toutefois, nos idées sur les professions ne reposent souvent pas sur des faits, mais plutôt sur des représentations stéréotypées dans les médias. Un exemple classique est la série télévisée "The Big Bang Theory", dans laquelle les scientifiques et les ingénieurs sont représentés comme des nerds absolus avec peu de compétences sociales et des hobbies peu populaires tels que les bandes dessinées, la science-fiction et les jeux de rôle, mais avec un brio intellectuel d'autant plus grand.

Les femmes qui ne peuvent pas s'identifier au stéréotype nerd peuvent s'en trouver déstabilisées : est-ce que je me sens à ma place dans un tel environnement, est-ce que je veux devenir comme ça ? D'une part, les femmes sont associées de manière stéréotypée à des qualités telles que la sollicitude, le travail (mais pas nécessairement l'intelligence) et la compétence sociale - l'exact opposé des nerds. D'autre part, il existe des idées persistantes mais incorrectes sur le travail dans les professions MINT, par exemple que l'on ne travaille guère avec d'autres personnes, que le travail est peu créatif et que les résultats du travail n'ont pas d'utilité directe pour la société.

En résumé, cette nouvelle recherche montre que l'adéquation (auto-évaluée) avec la culture professionnelle est un aspect à ne pas négliger dans le choix d'une profession (à condition de disposer des compétences et intérêts nécessaires).

Des expériences réelles plutôt que des clichés

Que faire alors pour que les jeunes ne se fassent pas de fausses idées sur leur choix de carrière ? Il est certainement important de mettre à disposition des informations précises et de donner un aperçu du monde réel des professions et des études. Les campagnes d'information existantes des universités et des EPF pourraient par exemple être intégrées davantage dans l'enseignement scolaire afin de briser l'image stéréotypée de l'ingénieur ringard qui travaille de manière isolée sur un thème de niche non pertinent pour la société.


A propos de la personne

Portrait de Benita Combet

Benita Combet

est bénéficiaire d'une allocation du FNS et travaille à l'Institut de sociologie de l'Université de Zurich, où elle étudie dans quelle mesure le sexe et l'origine sociale créent des inégalités de formation et de genre. Elle a étudié et obtenu son doctorat à l'Université de Berne. Elle est membre du comité "Formation, personnel qualifié et diversité" de digitalswitzerland.

Image : zvg

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