Cette année, l'Université de Berne a décerné le prix de l'égalité des chances "Prix Lux" au Pôle de recherche national "RNA & Disease" - pour de nouvelles approches visant à soutenir les jeunes mères et pères afin qu'ils puissent poursuivre leur carrière.
Par Gaia Fortunato et Salomé Zimmermann
Le Pôle de recherche national (PRN) primé "ARN & Maladie - Le rôle de l'ARN dans les mécanismes des maladies" réunit plus de 50 groupes de recherche suisses qui s'intéressent à différents aspects de la biologie de l'ARN. C'est la première fois qu'un Pôle de recherche national est récompensé depuis l'introduction du Prix Lux pour l'égalité des chances il y a six ans.
Pour l'Université de Berne et son engagement en faveur de l'égalité des chances, le NCCR "ARN & Maladie" donne des impulsions importantes, a déclaré le recteur Christian Leumann lors de la remise des prix de cette année. "De nouvelles approches sont expérimentées, dont l'université dans son ensemble peut profiter", a poursuivi Leumann. Il a souligné que c'est justement dans les sciences naturelles que le "leaky pipeline" constitue un problème majeur. Leaky Pipeline décrit le phénomène selon lequel la proportion de femmes diminue au fur et à mesure que l'on monte dans la hiérarchie académique - une proportion élevée de femmes quitte la carrière académique à partir d'un certain niveau de carrière. Christian Leumann a souligné l'importance d'un équilibre entre les sexes à tous les niveaux de qualification et donc l'importance de mesures permettant aux jeunes femmes scientifiques qui deviennent mères de poursuivre leur carrière académique. Fonder une famille et progresser dans sa carrière ne devraient pas être contradictoires.
Afin de promouvoir activement l'égalité des chances au sein du NCCR "ARN & Maladies" et de combler le "leaky pipeline", selon son codirecteur Frédéric Allain, on mise d'une part sur des mesures qui ont fait leurs preuves : Il s'agit notamment du mentoring en tête-à-tête, des groupes de mentoring entre pairs, des cours de leadership et du coaching pour les femmes scientifiques. D'autre part, deux "mesures innovantes et uniques" ont été développées et mises en œuvre, selon l'éloge. Frédéric Allain a expliqué qu'une des mesures vise à atténuer les effets négatifs des pauses maternité sur la carrière académique : "La grossesse et la maternité d'une femme scientifique peuvent retarder son travail de recherche de plus d'un an, alors que son collègue masculin peut progresser dans sa carrière pendant ce temps". Pour pallier ce désavantage, le NCCR a introduit la "Pregnancy and Maternity Leave Compensation". Celle-ci comprend le financement d'une assistante scientifique pendant le dernier trimestre de la grossesse et le congé de maternité. L'auxiliaire poursuit les projets dans la mesure du possible et profite à son tour de cette expérience professionnelle.
Même après le congé de maternité, il est possible de continuer à engager l'auxiliaire, grâce au "SNSF Flexibility Grant". Frédéric Allain : "Cela permet de soutenir les jeunes mères dans une phase de défi, afin qu'elles soient en mesure de poursuivre leur carrière de chercheuse". Depuis le lancement du programme en 2017, neuf femmes scientifiques auraient déjà bénéficié de ce programme. De plus, le nom de la mesure aurait déjà été repris par le département de biologie de l'ETH Zurich, avec huit participantes l'année dernière.
Remise du prix aux codirecteurs Frédéric Allain et Oliver Mühlemann du NCCR RNA & Disease.© zvg
La deuxième mesure du NCCR "RNA & Disease" consiste en un congé parental étendu pour l'autre parent (qu'il soit du même sexe ou du sexe opposé). En plus des deux semaines, six semaines supplémentaires peuvent être prises. Le salaire est alors entièrement payé par le NCCR. Il est également possible de prendre ce congé parental supplémentaire à temps partiel, par exemple à 50 % pendant 12 semaines. "Cela permet de soulager les mères après la naissance et de faciliter leur retour à la vie professionnelle", a expliqué Frédéric Allain. De plus, la mesure devrait contribuer à ce que l'autre parent assume un rôle plus actif dans les tâches ménagères et de soins, même à long terme.
Le succès de ces deux mesures se traduit notamment par le fait qu'un pourcentage élevé de mères poursuivent leur carrière académique au NCCR "ARN & Maladies". "En ce qui concerne la transition vers le professorat à durée indéterminée, il y a cependant encore des progrès à faire", explique Frédéric Allain. Avec des objectifs concrets tels qu'un tenure track obligatoire pour les professeures assistantes et le job sharing au niveau de la chaire extraordinaire et ordinaire (= top sharing), le NCCR "ARN & Maladies" s'engagera à l'avenir pour encore plus d'égalité des chances.
Mais il s'agit d'abord de faire connaître les mesures existantes en matière d'égalité des chances au-delà du propre NCCR : "Dans l'idéal, nos mesures servent de modèles à d'autres, au sein de l'Université de Berne et au-delà", a déclaré Allain.
LE PRIX LUX
Le "Prix Lux" de l'Université de Berne récompense l'engagement en faveur de l'égalité des chances. Peuvent être nominés pour le prix les groupes, les petites ou grandes unités qui s'engagent pour l'égalité dans le domaine "Genre et diversité" à l'Université de Berne. Les mesures appliquées doivent stimuler la discussion sur les thèmes de l'égalité des sexes et de l'égalité des chances, être innovantes, originales et durables et présenter un potentiel de transfert. Le prochain appel à candidatures pour le prix aura lieu au semestre de printemps 2023.